Pour le sociologue Nicolas Hourcade, spécialiste du supportérisme, la crise liée à l’épidémie de Covid-19, si elle perdure, pourrait conduire à l’apparition d’un nouveau spectacle sportif.
Entretien. Sociologue à l’Ecole centrale de Lyon, Nicolas Hourcade étudie le monde des supporteurs de football, et le mouvement des « ultras » en particulier, depuis plusieurs années. Selon le chercheur, si la crise sanitaire éloigne le public des stades plus longtemps que prévu, c’est un nouveau spectacle sportif qui risque d’émerger.
Depuis la reprise de la saison de football, les différents groupes de supporteurs offrent un front divisé par rapport à la situation sanitaire et aux obligations qu’elle impose. Certains sont de retour au stade, d’autres n’ont pas repris le chemin des tribunes. Comme l’expliquez-vous ?
Les groupes qui refusent de retourner au stade sont surtout les plus importants numériquement. On peut citer la Brigade Loire à Nantes, les Bad Gones à Lyon, les différents groupes marseillais, stéphanois, parisiens. Selon eux, leur nombre n’était pas compatible avec la jauge à 5 000 ou 1 000 spectateurs dans certains cas. Les principales exceptions sont les Dogues Virages Est à Lille dès la reprise de la saison, et les Ultra Boys 90, un peu plus tard à Strasbourg, ou encore le Roazhon Celtic Kop de Rennes. Par ailleurs, ce sont surtout des groupes en Ligue 2 (où la jauge de 5 000 a moins d’effet) ou plus petits qui se rendent encore au stade.
De plus, le respect des gestes barrières ne correspond pas vraiment aux modalités de supportérisme dans ce qu’on appelle des tribunes actives. Le mouvement des « ultras », c’est beaucoup de proximité physique. On se tient par les épaules et on chante en hurlant à côté du visage de son voisin. Enfin, beaucoup de groupes se sont mobilisés au printemps pour aider le personnel soignant, et ont la volonté de ne pas mettre en péril la situation sanitaire par un comportement inadapté. Lire la suite >>
Source : Le Monde