Les concerts en drive-in semblent être la tendance et la nouvelle solution pour la reprise du secteur tout en respectant les mesures de distanciation physique.
La pratique, généralisée aux Etats-Unis pour le cinéma, semble plaire aux organisateurs de concerts et des festivals en Europe. Michael Rapino, PDG de Live Nation, avait d’ailleurs évoqué cette option pour la reprise des événements en direct. Mais avec ce système, de nombreuses questions de logistique, de tarification de billets, et surtout, de développement durable se posent.
Où accueillir des centaines, voire des milliers de voitures, sans abîmer les infrastructures pas forcément pensées pour ? Aux Pays-Bas, au Danemark, en Allemagne ou aux Etats-Unis, des premières expériences ont été lancées : plus de 500 voitures se sont réunies sur des parkings ou dans des champs.
En France, le groupe Boulevard des Airs, TIBZ, La Deryves donneront un premier concert au Scénith d’Albi le 05 juin, sur le parking de la salle de concert. Organisé par la station de radio 100%, la jauge est réservée à 150 voitures. Jacques Iribarren, directeur général de la radio explique au Parisien : “Il y aura un écran géant et des retours son pour les artistes, mais pas de sono à proprement parler. La musique sera diffusée sur les ondes de la station et les spectateurs la capteront directement sur leur autoradio.” Pour le tarif, les billets sont vendus entre 30 euros pour une voiture avec deux passagers et jusqu’à 67,50 euros pour un véhicule avec neuf occupants.
A Cannes ou à Nice, des représentations en drive-in sont également en réflexion, avec la question de l’expérience globale des spectateurs et de l’artiste en tête : des klaxons à la place des applaudissements, des essuis-glace qui s’activent au lieu de mains en lair et un public invisible car dans sa voiture… Y aurait-il d’ailleurs des genres musicaux plus appropriés pour ce type d’événements ?
La question de la tarification et de la rentabilité d’un tel événement se pose aussi. Faut-il facturer par participants, par voiture ? Comment gérer le contrôle d’accès ? Et pour combien ? Pour cette expérience de spectacle différente de ce à quoi les publics ont pu être habitués, la valeur du billet est une question importante. Pour le concert du 05 juin prochain à Albi, les organisateurs ne visent pas la rentabilité, mais veulent surtout proposer une nouvelle expérience au public et affirmer leur soutien au secteur du live.
Ensuite, les infrastructures sont-elles d’ailleurs prêtes à accueillir ce type de manifestation ? Les premières expériences ont été menées soient dans des stades, soient sur des parkings de salles de spectacle. Mais évidemment, selon le lieu choisi, la jauge ne sera pas la même. En France, les lieux pouvant accueillir des festivals ou des stades auraient la capacité d’accueillir des centaines de voitures. Techniquement, cela pose tout de même de nombreuses questions : comment gérer la file d’attente (les bouchons) devant les lieux ? De plus, un sol non-goudronné sera, de toute évidence, très vite abîmée par le passage de centaines de voitures et l’expérience ne pourra pas être reproduite régulièrement.
Enfin, le principe du concert en drive-in s’oppose à la tendance des événements éco-responsables : de nombreux festivals se sont d’ailleurs engagés dans cette démarche, et de manière globale, les municipalités françaises se développent sur cet axe, et les salles de concert prennent également à coeur cet engagement. Le drive-in est un concept bien américain, pays de la voiture, et on le voit. En Italie, une société de production a lancé l’idée de “bike-in”, des événements en plein air auxquels les participants pourraient accéder en vélo, une idée également travaillée au Royaume-Uni. Un concept éco-responsable, intéressant à suivre. Seule réserve : lorsque les participants descendront, forcément, de leur vélo, ce n’est plus un bike-in, mais un événement à ciel ouvert où les spectateurs sont séparés de 2m de distance, et cantonné à leur spot. Pas besoin de vélo pour arriver à ce résultat…