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Covid-19 : le football international dans l’incertitude

Depuis mi-mars, les compétitions sportives ont toutes été mises à l’arrêt pour des raisons évidentes de sécurité, à la fois pour le public et l’ensemble des athlètes. Mais cet arrêt porte un gros coup à l’économie du sport et notamment du football. 

Les clubs de football sont les premiers touchés : la quasi-totalité de leur revenus est issue des droits de diffusion et des recettes de billetterie. Troisième source de revenus : le sponsoring et le merchandising, stoppés également avec l’arrêt des matchs. 

“Si la L1 ne reprend pas, on sera dans un secteur d’activité complètement sinistré« , indiquait Bernard Caïazzo, président de Première Ligue, le syndicat des clubs professionnels français, à Eurosport. Selon lui, l’arrêt des matchs ne peut pas dépasser les 3 ou 4 mois, sans quoi un tiers des clubs français pourraient se retrouver en faillite. 

Le cabinet KPMG a réalisé une étude le 17 mars sur les pertes envisageables des clubs pendant cette période d’arrêt. La Premier League britannique serait le tournoi qui perdrait le plus, avec des pertes globales estimées à 1150-1250 millions d’euros. Les pertes de la Ligue 1 Conforama sont estimées à 300-400 millions d’euros.

Tout récemment, Canal+ a d’ailleurs annoncé qu’elle ne verserait pas les droits TV de la saison comme prévu, soit 15% du montant annuel qui aurait du revenir à la LFP, : 110 millions d’euros. “Canal+ n’est pas une banque”, a déclaré la chaîne à l’AFP. Au Royaume-Uni, les clubs de Premier League seraient en plus dans l’obligation de rembourser 762 millions de livres aux diffuseurs BT Sports et SkySports, si la compétition ne se poursuit pas.

Pour pallier à ce manque de droits de diffusion, les clubs français pourront potentiellement compter sur des droits en hausse (rachetés par Mediapro) pour la prochaine saison : “La solidarité peut peut-être se jouer un peu là-dessus : le surplus des droits TV qui viendra l’année prochaine pourrait par exemple aider des clubs plus en difficulté la saison prochaine.”, a expliqué Fabrice Bocquet, DG du FC Lorient à Ouest France.

Faute de publics, la plupart des clubs en Europe demande désormais à pouvoir jouer en huis-clos et permettre la diffusion des images, afin de minimiser les pertes. Interrogé par France Bleu Loire, Bertrand Caïazzo, président de Première Ligue, estime que le championnat de Ligue 1 pourrait reprendre au mieux “le 15 juin”. Dans un communiqué du 23 mars, le Bureau d’administration de la LFP a rappelé l’objectif prioritaire de terminer la saison au plus tard le 30 juin 2020 ou éventuellement le 15 juillet.

Pour la suite, les clubs s’inquiètent des transferts de joueurs entre les clubs, une source de revenus supplémentaires. Est-ce vraiment le moment de faire des transferts de joueurs ? Et surtout, comment calculer la valeur d’un joueur, puisque la saison n’est pas finie ? 

Une des manières de réduire ces pertes seraient de regarder du salaire des footballeurs. Déjà au FC Barcelone, le club qui génère le plus de revenus selon l’étude Deloitte 2019, un accord a été trouvé entre les joueurs et la direction pour réduire les salaires sans passer par le chômage provisoire. La Liga espagnole envisage de réduire les salaires des joueurs de 20% en cas d’annulation pure et simple de la fin de saison.

Interrogé par SoFoot, Jérémie Bastien, économiste du sport et maître de conférences à l’université de Reims, a estimé que des allègements et des mesures financières pouvaient être mis en place par les autorités publiques, ainsi que les instances de football : décalage de charges sociales, possibilité d’un niveau d’endettement et de déficit plus important pour les clubs, allégement ou gel du fair-play financier… 

Le Bureau d’administration de la LFP et le Direction nationale du contrôle de gestion, commission indépendante de la LFP sont en train de centraliser les besoins des clubs pour pouvoir réagir au mieux.

Enfin, trois groupes de travail, respectivement dédiés aux plans et scénarios de reprise, trésorerie court terme et financement et dialogue social ont été mis en place avec la LFP, les clubs et l’UNFP qui représente les joueurs.

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