Le mercredi 16 février 2020, des représentants de Ticketmaster, StubHub (désormais marque de viagogo), AXS, Vivid Seats, Ticketnetwork et Ticket.com, ont été invité à témoigner devant la Commission de l’Énergie et du Commerce du parlement américain.
Cette session, sobrement intitulée « In the Dark : Manque de Transparence sur le Marché de la Billetterie de Concerts » fait suite à une enquête menée par le Congrès Américain sur les pratiques de l’industrie. La session s’attachait à répondre à des problématiques spécifiques du marché de la billetterie : vente spéculative de billets, tromperie et fraude des sites tiers, transparence des inventaires primaires…
Cette audition a permis aux membres du comité de « mieux comprendre les nombreuses problématiques des acheteurs de billets et d’identifier les différentes étapes pour mieux les protéger. »
Amy Howe, présidente et Chief Operating Officer de Ticketmaster North America a présenté pendant cette audition le fonctionnement du marché de la billetterie, et les innovations technologies de la firme (SafeTix, Verified Fan, Smart Queue). Elle s’est également dite en faveur des lois fédérales pour protéger les consommateurs (obligation d’afficher le prix total du billet, interdire la billetterie spéculative, renforcer le BOTS Act de 2016, etc.). En revanche, elle s’est clairement affichée contre l’obligation d’afficher le nombre de billets disponibles à la vente : « nous ne connaissons aucune autre industrie où les acteurs doivent révéler leurs inventaires. »
Même son de cloche pour Brian Perez, CEO d’AXS : « Nous ne considérons pas la transparence, quant à la disponibilité des billets, comme un problème fondamental. […] Les coupables : les revendeurs qui achètent les sièges que les fans veulent. » Selon lui, une totale transparence de l’inventaire aiderait au contraire les revendeurs à avoir plus d’informations sur les potentielles marchandises à acheter et revendre. Par ailleurs, ce sont des données confidentielles concernant l’artiste et ses équipes, qui ne peuvent pas être révélées au public.
Stephanie Burns, vice-présidente de StubHub était également présente, et s’est exprimée sur les restrictions de transférabilité sur le marché de la billetterie secondaire. « StubHub pense que les fans devraient toujours avoir le choix d’acheter un billet transférable et de pouvoir l’utiliser, le transférer ou le revendre sans aucune restriction ». Elle a pointé du doigt les innovations technologiques de Ticketmaster, qui « rajoute des frictions » dans l’achat ou la revente de billets de concerts. « Ces restrictions sont des écrans de fumée pour justifier des pratiques conçues pour limiter le choix du consommateur, et donc la concurrence. »
Don Vaccaro, co-fondateur et CEO de TicketNetwork s’est également exprimé sur le sujet de la transférabilité des billets et les possibles interconnexions entre les services de billetterie. « Le point fort de la politique fédérale dans ce domaine doit être d’assurer qu’un billet appartient au fan qui le détient, et qu’il devrait pouvoir le transférer sur la plateforme de son choix, comme c’est le cas pour tous les biens qui lui appartiennent. » La question de l’objet billet fait donc débat aux Etats-Unis. Rappelons qu’en France, le billet n’est que le justificatif du droit d’entrée pour un événement.
Enfin, Stubhub s’est également exprimé sur la place des bots : « Les bots ne sont pas la seule raison pour laquelle les fans ont difficilement accès aux billets. De gros pourcentages de billets ne sont en fait jamais mis en vente directement au grand public. »
Des témoignages intéressants pour les législateurs américains et le marché de la billetterie afin de comprendre le positionnement de ces entreprises sur ces questions de revente et de fraude à la billetterie. Quelle sera la suite ?
Vous pouvez consulter les témoignages des représentants ici.