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Marché noir de la billetterie : qui va payer les dégâts ?

Le marché noir de la billetterie a explosé ces dernières années. Prix exorbitants, places vendues au compte goutte. Le système a lui même engendré une course à la surenchère.

Le problème est simple : certes, l’artiste et le producteur s’estiment volés à juste titre mettant en péril l’équilibre budgétaire des dates mais surtout le spectateur se retrouve au milieu d’une spéculation financière préjudiciable pour son porte monnaie !
Avec internet, les achats au « black » de dernière minute devant la salle, se sont généralisés pour devenir un marché juteux, géré par des professionnels de l’escroquerie et de la technologie.
Comment lutter contre des batteries de machine capable d’anticiper les mises en vente et d’acheter à distance des places via des comptes fictifs ou non ?
Plusieurs mesures ont été adoptées pour réduire les risques de fraude.
Ainsi, les plaintes se sont multipliées et ont permis d’aboutir à la condamnation de certains revendeurs peu scrupuleux comme le site Viagogo, sanctionné récemment (cf la victoire du Festival les Veilles Charrues en 2012).

La loi du 12 mars 2012 sanctionne désormais la revente, sans l’autorisation de l’exploitant, de billets pour des manifestations sportives, culturelles et commerciales à des prix supérieurs à sa valeur nominale (15.000 euros d’amende, 30.000 en cas de récidive). Elle ne concerne cependant pas la revente occasionnelle faite par des particuliers…

Victime de son propre système

Le Prodiss, et de nombreux autres producteurs de spectacle ont réagi plus violemment ces dernières années en attaquant systématiquement les sites facilitant ces « trafics » de places.
Les spectateurs trompés n’hésitent plus eux aussi à dénoncer ces pratiques illégales obtenant gain de cause parfois (ex : condamnation du patron de Starlight-Europe à 6 mois de prison ferme !).
Néanmoins, il faut distinguer le cas de la revente illicite basée sur la tromperie sur la marchandise (ex : une place vendue plus chère mais pour un placement non conforme au standing annoncé) et la vente de place spéculative.
Les producteurs de spectacles ont eux même intérêt à générer une demande et une attente pour amortir le coût exorbitant de leurs évènements et de leurs prestations… Avec un système de plus en plus coûteux et une surenchère des coûts de production, ils alimentent volontairement ou non le marché noir !

Consommateurs, spectateurs : les vraies victimes !

A ce petit jeu de l’offre et la demande, les spectateurs se retrouvent otages d’une guerre financière qui les dépassent mais pour laquelle ils paient un lourd tribu !
De plus, la multiplication des prix, des catégories, des prestataires pour vendre toujours plus, tous ces éléments ne facilitent pas la lisibilité et la transparence du système billetterie/producteur.
Alors oui pour stopper les arnaques, mais que chacun balaie devant sa porte, y compris les producteurs ou les revendeurs de billets qui ont aussi largement profité du système spéculatif !
Aujourd’hui, ne pouvant pas contraindre la tendance du web 2.0, de nouveaux outils qui officialisent la revente des billets avec la bénédiction des producteurs de spectacles ont fait leur apparition… La preuve s’il en est que l’important c’est quand même de remplir la salle d’une manière ou d’une autre ! Du moment que l’argent tombe dans les bonnes escarcelles…
La crise aidant, les prix de ventes des places deviennent un enjeu stratégique et les producteurs et organisateurs prennent le risque de pratiquer des prix plus accessibles, les prestataires des commissions plus basses… L’écosystème évolue vers plus d’équité, tant mieux, mais la spéculation en matière de billetterie risque de perdurer !

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