La ministre de la Culture réagit après nos révélations sur la lettre ouverte qui sera adressée par les professionnels du spectacle à Emmanuel Macron ce lundi, un an après les premières fermetures des salles.
Alors que les professionnels de la culture interpellent le chef de l’Etat dans une lettre ouverte que nous avons révélée, leur Ministre Roselyne Bachelot défend les choix du gouvernement.
Pourquoi tarder à présenter un calendrier de réouverture, même progressif, même partiel, alors que les choses bougent chez plusieurs voisins européens ?
ROSELYNE BACHELOT. On ne tarde en aucun cas, puisque ce n’est pas un calendrier que l’on prépare mais un cadre… que l’on dessine avec les acteurs eux-mêmes, ceux-là mêmes qui nous interpellent aujourd’hui d’ailleurs! Il y a plusieurs secteurs d’activité dans la culture, avec des enjeux, des réalités et des problématiques différentes : les musées, monuments et centres d’art, les cinémas et le spectacle vivant, les très grands festivals à qui nous venons de donner un cadre. Vous évoquez nos voisins. Les rares qui desserrent les contraintes le font soit parce que leur situation sanitaire est largement meilleure que la nôtre, soit parce qu’ils n’ont pas, et le déplorent d’ailleurs, les moyens de soutenir autant que la France les structures culturelles et les artistes qui ne peuvent travailler! Aux Etats-Unis, les cinémas qui s’apprêtent à rouvrir sont fermés depuis 1 an, et avec des salles remplies à 25 %, ça n’est pas imaginable chez nous! Et concernant l’Italie, la Toscane a refermé précipitamment ses musées, pourtant ouverts de façon minimale en excluant le week-end! Il me semble particulièrement indispensable de redire que la culture n’est pas à l’arrêt dans notre pays : les captations, les résidences, les tournages, et les répétitions si importantes pour préparer présenter des spectacles quand les lieux culturels vont rouvrir, sont maintenus. Tout cela permet de continuer la création, de proposer des projets culturels et de faire travailler tout un écosystème. Ensuite, nous avons permis aux libraires, quand ils étaient fermés, en plus du clicqué emporté, d’envoyer sans frais les livres qui leur étaient commandés : nous n’avons jamais été privés de livres! Les galeries d’art et les disquaires ont pu rouvrir début décembre. Les parcs, jardins et médiathèques ont également été maintenus ouverts. En février, France Télévisions a créé une nouvelle chaîne : Culturebox, qui permet de voir gratuitement du théâtre, de la danse, des concerts… Même si rien ne remplace le bonheur d’être dans un lieu culturel, en prise directe avec une œuvre d’art ou face à des artistes, évidemment!
Beaucoup de professionnels du secteur martèlent qu’aucun cluster n’a été identifié dans ces lieux. Qu’en est-il réellement ?
C’était tout à fait vrai, je l’ai moi-même souligné! Les protocoles sanitaires ont été respectés et je tiens à saluer l’engagement de tous les acteurs culturels dans leur mise en œuvre. Il faut quand même bien se dire qu’il y a forcément eu des personnes qui ont pu être contaminées lors de spectacles et qui se sont ensuite égaillées dans la nature ne permettant pas d’identifier de réels clusters. Ensuite, il y a eu des contaminations parmi les équipes artistiques, ce qui doit évidemment être pris en considération. Enfin et surtout je dirais, ce que nous combattons quand la pandémie est aiguë, c’est ajouter des flux de personnes aux flux existants. C’est la raison pour laquelle, dans notre préparation des réouvertures des lieux de culture nous avons réfléchi à comment réguler les flux de personnes, par exemple en modulant les horaires d’ouverture. Lire la suite >>
Source : Le Parisien