Après une année 2020 catastrophique pour le secteur événementiel, comment penser 2021 dans un contexte toujours incertain ? Quelles priorités pour les acteurs et les institutionnels de la filière ? MyEN fait le point avec Frédéric Pitrou, délégué général d’UNIMEV.
L’Union Française des métiers de l’événement (UNIMEV) publie un Manifeste dans le contexte que l’on sait. Quels sont la genèse et les objectifs de ce document-cadre ?
Le projet de ce Manifeste a émergé au début de cette crise que nous n’imaginions pas durer si longtemps. Dès le mois de mars, nous avions l’idée de remettre à plat et en lumière tous les intérêts que pouvaient revêtir l’événementiel d’un point de vue économique, social, territorial notamment. Un contenu étayé par des chiffres vérifiables car nous avons assisté durant cette crise à une surenchère de chiffres qui n’étaient pas forcément bien expliqués. Le Manifeste avait donc vocation à recentraliser des données chiffrées et sourcées, remises en perspective dans leur périmètre.
Qu’entendez-vous par « surenchère de chiffres » ?
Prenez par exemple le nombre de collaborateurs liés aux activités événementielles et touristiques. Nous avons entendu parler de 335 000 (retombées sociales des événements corporate), puis 450 000 personnes (retombées sociales de tous les événements professionnels), des chiffres auxquels se référait évidemment le gouvernement pour son plan d’indemnisation. Quand nous avons fait le travail minutieux d’évaluer combien de personnes travaillent directement pour les entreprises des associations qui les représentent légitimement, nous arrivons à 40 000 collaborateurs événementiels. Ce n’est donc plus du tout la même chose pour nos interlocuteurs au ministère qui réalisent alors qu’ils ont 10 fois moins de personnes à indemniser dans notre périmètre strict.
Quelles données sont plus particulièrement à mettre en évidence ?
Ce qui est important également, c’est le poids de notre secteur dans l’économie. Notre industrie des foires, salons, congrès et événements pèse :
- 20 milliards d’euros au bénéfice de la production événementielle,
- 19,5 milliards d’euros au bénéfice des acteurs du tourisme et du commerce local
- 34,5 milliards d’euros de transactions générées entre participants à l’occasion de ces salons et foires.
Ce sont ces chiffres qui nous ont été très demandés par le gouvernement afin d’évaluer les pertes à la fois directes mais aussi indirectes du secteur. Rappelons que tout le business généré habituellement par les événements n’a pas été au rendez-vous, même si Internet a pu en absorber une partie.
2020 est désormais derrière nous. Avez-vous un chiffre plus précis de la baisse de chiffre d’affaires de la filière ?
Globalement, nos entreprises sont à plus de 80% de pertes de chiffre d’affaires. Il peut y avoir des variations entre spécialistes évidemment, les sociétés du numérique qui ont pu proposer rapidement des solutions digitales s’en étant mieux sorties. Mais les organisateurs, les gestionnaires de sites, les prestataires du monde de l’exposition sont vraiment gravement touchés puisqu’ils n’ont pu travailler pleinement que durant les 2 premiers mois de 2020. Lire la suite >>
Source : MyEventNetwork