Entre la distanciation physique, qui réduit de 30 à 40 % les jauges disponibles, et les incertitudes quant au retour du public en salles, les théâtres s’essaient à une rentrée risquée. A Paris, les exploitants programment des spectacles amortis ou à petits budgets tandis qu’en région les tourneurs se heurtent à la fermeture des théâtres municipaux.
Courageusement, la plupart des théâtres privés parisiens ont relevé leur rideau ou s’apprêtent à le faire d’ici à la fin du mois ou courant octobre, en dépit des conditions d’exploitation difficiles. « La jauge autorisée en respectant la distanciation physique varie en fonction de la configuration des salles, mais revient à se priver de 30 % à 40 % des fauteuils disponibles à la vente. Pour ne pas perdre d’argent, il faut présenter des spectacles déjà amortis ou des seul-en-scène » constate Stéphane Hillel, président de l’ Association pour le soutien du théâtre privé .
Et par ailleurs « les réservations de places se font en très grande majorité dans les trois jours qui précèdent les représentations, les spectateurs ne se décidant qu’à la dernière minute », note Isabelle Gentilhomme, déléguée générale du Syndicat national du théâtre privé. Autrement dit, la reprise est extrêmement complexe pour ces petites entreprises, déjà fragilisées par les attentats de 2015 puis par les mouvements des « gilets jaunes » et autres grèves de transports contre la réforme des retraites.
« La réouverture programmée de nos salles, la production de spectacles, l’organisation de tournées théâtrales, l’engagement de personnel artistique et technique sont des actes militants. Après six mois de fermeture, nous avons pleinement conscience que le risque de disparition de notre activité est bien réel. Mais nous faisons le pari que progressivement le public retrouvera le chemin de nos salles » explique Bertrand Thamin, président du syndicat et codirecteur du Théâtre Montparnasse, dans son éditorial de rentrée.
18 millions débloqués
Le ministère de la Culture a débloqué 10 millions sur son plan de relance pour aider la soixantaine de théâtres privés, principalement à Paris, puis rajouté 8 millions au titre de la compensation des jauges réduites pour raisons sanitaires, mais il n’est pas sûr que cela soit suffisant, si le public, douché par le regain de l’épidémie, n’est pas au rendez-vous. D’ailleurs Bertrand Thamin a lancé un appel : « Chaque spectateur doit avoir présent à l’esprit qu’en revenant applaudir les comédiens, au-delà de partager un moment d’émotion, il sauve des entreprises et des emplois, mais aussi la création théâtrale et ceux qui la font rayonner. » Lire la suite >>
Source : Les Echos