Aux abois après plus de trois mois d’inactivité, et toujours sans perspective de réouverture, les professionnels de la nuit espèrent retrouver le sens de la fête le 10 juillet, avec des discothèques revisitées en mode Covid-19, sans brassage, ni piste de danse.
« Aujourd’hui, nous avons été écoutés et entendus », a déclaré, soulagé, Thierry Fontaine, président de la branche nuit de l’Umih, principal syndicat de l’hôtellerie restauration, au sortir mercredi d’une réunion interministérielle consacrée aux établissements de nuit.
Peu de considération pour le secteur
Mais le Syndicat national des discothèques et des lieux de loisirs (SNDLL) a lui regretté dans un communiqué que « ni le représentant de la Santé ni celui du ministère de l’Intérieur, prévus, ne soient venus », fustigeant « le peu de considération portée au secteur ».
Jusque-là, ce dernier, qui compte 1.600 établissements réalisant un milliard d’euros de chiffres d’affaires par an et représente 25.000 emplois, selon le SNDLL, se sentait délaissé par l’Etat, avec pour unique perspective une éventuelle réouverture en septembre, qui mettrait à mal toute la profession.
« Dans nos métiers, nous pouvons affronter une petite saison mais pas une ‘non saison’. Si les clubs ne rouvrent pas la semaine prochaine, ça va être un massacre: on estime que seuls 400 à 500 établissements vont survivre », dit Jean Roch Pedri, DJ et gérant de plusieurs discothèques dont le VIP Room à Saint-Tropez, qui en temps normal ouvre de juin à septembre.
La « nuit a besoin de son plan de relance, la nuit doit rouvrir au plus tard le 10 juillet », clamaient ainsi des acteurs indépendants de la scène musicale et festive, dans une tribune et une pétition en ligne depuis jeudi dernier, alors que salles de concerts et festivals se heurtent à des mesures barrière peu compatibles avec leur modèle économique.
Des fêtes clandestines s’organisent
Mercredi à Paris, des disc-jockeys « mixaient pour protester » contre la non-réouverture des discothèques et l’annulation des festivals. « Je ne peux rien faire. Tout est annulé, verrouillé. Et on ne sait pas quand on va reprendre. On est les oubliés, les derniers de la liste », a regretté Toni Vegas, DJ.
La mobilisation, dans une salle de spectacle du quartier des Grands Boulevards, dans le centre de la capitale, comptait mercredi soir une petite dizaine de DJs, portant un masque noir avec écrit dessus « Je suis DJ », ainsi que quelques membres de syndicats. « C’est une profession qui est clairement en danger de mort », a déclaré Michael Fox, PDG du groupe Lieux d’Emotions et organisateur de l’événement.
Dans le même temps, des fêtes clandestines s’organisent en France sans précautions sanitaires, font valoir les professionnels, autant « d’occasions de contamination sans aucun moyen de tracer l’épidémie » de coronavirus, alors que les discothèques sont, elles, équipées de « systèmes de désenfumage qui renouvellent intégralement l’air toutes les 8 à 10 minutes ».
Et cela, alors que les exploitants de discothèques travaillent avec le ministère de la Santé à un protocole sanitaire qui « garantit la sécurité du personnel et des clients », estime Patrick Malvaes, président du SNDLL.
On danse près de sa table
« Nous avons proposé de mettre des tables sur les pistes de danse: les groupes resteront entre eux et danseront à proximité de leur table », explique Thierry Fontaine. « On veut éviter que des gens venus des quatre coins de la France se retrouvent à 300 pour danser et repartent chez eux propager le virus ».
En outre, les professionnels inciteront leurs clients à télécharger l’application StopCovid, et à se laver les mains régulièrement avec du gel hydroalcoolique, une distanciation physique sera maintenue, notamment dans les fumoirs. Lire la suite >>
Source : BFM TV