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[Presse] Comment la culture peut devenir un moteur de la transition énergétique

Le secteur culturel occupe une position à part dans l’économie française, de par son mode de financement et son rôle très spécifique. Cela ne l’exonère cependant pas de la nécessité de muter pour répondre à l’urgence climatique, bien au contraire. Le think tank The Shift Project réfléchit ainsi à des propositions pour impulser la transformation de ce secteur-clé.

Lorsqu’il est question d’écologie, de réchauffement climatique et de la nécessaire transition énergétique que doit engager notre système économique et social, la culture n’est pas forcément le premier secteur qui vient en tête. Moins directement associée aux thématiques environnementales que le secteur aérien par exemple, elle peut cependant jouer un rôle essentiel dans le changement.

Le think tank The Shift Project, qui planche actuellement sur un grand plan de transformation de l’économie française, considère ainsi la culture comme un secteur-clé. “À bien des égards, elle peut être moteur, et assez rapidement, car elle est en interaction forte avec de nombreux autres secteurs”, souligne ainsi Samuel Valensi, auteur et metteur en scène de théâtre, et l’un des deux responsables du chantier “culture” dans le cadre des travaux du Shift Project.

“La culture fait fonctionner la commande publique”

Les leviers d’actions sont multiples. “Déjà, la culture est très subventionnée, elle fait fonctionner la commande publique de manière directe ou indirecte, rappelle Samuel Valensi. Par ailleurs, elle est la troisième cause de mobilité des Français, donc on sait qu’on a un rôle particulier là-dessus. Enfin, la culture occupe plus de la moitié de la bande passante du numérique, en termes d’usage. Sur cet axe-là aussi, elle peut être utilisée comme moteur.”

En s’appuyant sur un groupe restreint d’experts provenant de différents domaines, le Shift Project a donc échafaudé un plan de bataille pour le secteur culturel. “Nous avons mis en place une typologie de mesures pour s’adresser au plus grand nombre, à toutes les échelles, depuis les décideurs politiques jusqu’aux artistes, en passant par l’ensemble des métiers qui forment vraiment le gros de l’écosystème, ceux qui contribuent à la production et à la diffusion des œuvres”, pose ainsi Anaïs Roesch, chargée de projet au sein du think tank.

Des mesures immédiatement applicables

Parmi les quatre types de mesures identifiés, les plus immédiatement applicables sont dites “transparentes”. “Ce sont les plus simples à mettre en place, les moins douloureuses, des mesures qui permettraient de réaliser des économies, explique Anaïs Roesch. Par exemple, au niveau d’un tournage, ça peut être de rentrer dans un système d’économie circulaire, de location, plutôt que d’acheter du neuf.”

En opérant des changements marginaux, ces mesures transparentes pourraient permettre des effets de grande ampleur. “Réduire ou supprimer l’alimentation carnée pour les équipes et l’accueil d’un festival, ça a un impact immense, illustre Samuel Valensi. On peut être sur des échelles de 100 000 ou 200 000 personnes, les impacts en termes d’émissions de CO2 sont gigantesques, alors qu’a priori, ça fait plutôt faire des économies aux prestataires, à l’organisateur et peut-être même au public.”

Entraîner d’autres secteurs d’activité

Dans la même optique de changements à court terme, le Shift Project a également imaginé des mesures “positives”, qui pourront entraîner d’autres secteurs économiques dans leur sillon.”Typiquement, la rénovation thermique de tous les bâtiments de la culture, énonce Samuel Valensi. C’est un circuit de bâti qui est énorme et sur lequel on a la main, puisque c’est l’état qui conditionne le sujet. Il y a un appui potentiel assez fort, d’autant plus intéressant qu’on va créer des métiers et des besoins de formation, dans le secteur de l’énergie.”

Un autre exemple renvoie à la question de l’approvisionnement en nourriture des événements de grande ampleur comme les festivals. “Si en plus de demander une alimentation décarnée, on la demande locale, de saison et biologique, on peut créer de l’emploi local dans une agriculture responsable”, avance Samuel Valensi. “Cela va avoir un impact sur toute la chaîne de production qu’il y a autour, les agriculteurs, les services de distribution, etc.”, complète Anaïs Roesch.

“La culture n’est pas un secteur qui va nécessiter une contraction comme le secteur aérien”

Comme pour beaucoup d’autres secteurs d’activité, l’ambition de sortir de la dépendance aux énergies fossiles passe cependant par des changements plus profonds. Parmi les propositions du Shift Project figurent ainsi également tout une série de mesures dites “offensives”, “qui vont avoir un impact sur la structuration des activités et qui vont réorganiser l’emploi”. Avec l’objectif affiché de protéger ce secteur des coupes franches.

“Dans l’ensemble du plan de transformation, la culture est pour nous fondamentale, ce n’est pas un secteur qui va nécessiter une contraction comme le secteur aérien, précise ainsi Anaïs Roesch. C’est un domaine qui est déjà fragile. Et en temps d’arbitrages, de contrainte budgétaire et de contraintes physiques à venir, il risque d’en payer les frais plus rapidement que d’autres secteurs où il y aura des intérêts très forts qui vont être défendus” Lire la suite >>

Source : Yahoo

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