Suite aux annonces d’Emmanuel Macron le 13 avril dernier, notamment sur l’interdiction des grands événements jusqu’au 15 juillet prochain, Malika Seguineau, directrice générale du Prodiss, s’est exprimée sur France Culture.
“Le mot « catastrophe » est même faible. C’est un tsunami qui traverse le secteur. Beaucoup de secteurs de l’économie française sont touchés, mais il y a des reprises qui seront plus rapides que d’autres. Nous allons être les derniers à retrouver une activité normale. En outre, avec la fermeture des frontières, il y a de grandes incertitudes sur la venue en France d’un certain nombre d’artistes internationaux. Donc oui, c’est une catastrophe. Cela l’est d’autant plus que nos entreprises sont à près de 90% des très petites entreprises. Elles ont une économie structurellement fragilisée qui sort de plusieurs années de crise – les attentats de 2015, les « gilets jaunes », les grèves. Désormais, c’est un arrêt pur et simple de leur activité avec une grande incertitude quant à la date à laquelle elles pourront revenir à une activité normale. Et puis, elles ont des salariés permanents, qu’elles doivent mettre au chômage partiel, avec, là-encore, des incertitudes sur la durée de ce dispositif d’accompagnement.
Dans son allocution de lundi, le Président a visé le tourisme, l’hôtellerie, la restauration et la culture en indiquant que nous serions les derniers à retrouver une activité normale. D’autant plus qu’il y aura d’abord la levée des interdictions, mais ensuite, il y aura une incertitude sur la manière dont les spectateurs se comporteront. Les Français reviendront-ils facilement dans un lieu de spectacle ou, au contraire, auront-ils des craintes ? Et puis, lorsqu’on aura décidé de rouvrir ces lieux, il ne faudra pas oublier que pendant des mois, la billetterie aura été à l’arrêt. L’arrêté qui nous autorisera à rouvrir des salles ne nous permettra pas d’organiser un spectacle le soir-même, c’est impossible puisque nous n’aurons pas pu communiquer sur ce spectacle ni vendre des billets. L’économie sera lente à redémarrer. Enfin, le Prodiss représente des entreprises du secteur privé dont le modèle économique repose sur la seule vente de billets de spectacle. Depuis le mois de mars, rien n’entre donc dans leurs caisses et c’est effectivement une catastrophe économique pour ces entreprises.”
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Source : France Culture