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StubHub, Eventbrite, Live Nation… Les géants américains ébranlés par la crise du COVID-19

StubHub et viagogo ont annoncé des plans de chômage technique pour une partie de leur personnel, et la casse continue du côté des géants américains de la billetterie. Eventbrite vient d’annoncer le licenciement de 45% de sa masse salariale, majoritairement sur sa division musique, dans le cadre de son plan de réduction des dépenses, dû à la pandémie du coronavirus. Cette décision devrait permettre à la société d’économiser 100 millions de dollars. 

Avec l’interdiction des rassemblements une majorité de pays, les billetteries commencent à en ressentir fortement les effets, et prennent des mesures pour éviter la faillite. L’action d’Eventbrite a commencé à chuter le 20 février en passant de 21,76$ à 8,47$ le 09 avril. L’action est même descendue à 5,86$ le 3 avril dernier. Un coup dur pour l’entreprise, qui avait lancé son IPO en septembre 2018. 

Même chute du prix des actions chez Live Nation qui est passé d’une action à 75,66$ le 20 février à 38,27$ le 09 avril. Le coût est descendu au plus bas, à 29,50$ le 18 mars, et a pu remonter notamment via un investissement de 130 millions de dollars par Liberty Media. Les agences de notation Moody’s et S&P ont cependant fait baisser la note de Live Nation. 

Le cours de l’action de CTS Eventim a suivi la même courbe, passant de 59,20$ le 20 février, à 27,54$ le 18 mars, pour remonter à 41,50$ le 09 avril. Une remontée qui s’expliquerait par un retour de confiance des investisseurs : après la première panique et la perspective d’un chiffre d’affaires en baisse de 50% sur les segments ticketing des deux sociétés, les analystes ont estimé que la reprise de 2021 ne serait que plus flamboyante, avec une hausse drastique du nombre de billets vendus et de concerts à travers le monde. 

Les mastodontes de la billetterie sont effectivement très ébranlés par la pandémie du COVID-19 : on peut espérer qu’avec les mesures prises pour rassurer les investisseurs, limiter les pertes, ces entreprises arrivent à traverser la pandémie pour pouvoir mieux rebondir après. Néanmoins, CTS Eventim, Live Nation et même ASM Global semble s’en sortir mieux, avec leur offre de production interne. En ayant la capacité de reporter ou d’organiser de nouvelles représentations, ces structures peuvent estimer leur trésorerie à plus long terme. Eventbrite, qui propose uniquement un service de billetterie, a beaucoup moins de marge de manœuvre et pourrait être le plus impacté… 

Du côté de la billetterie secondaire, il est cependant possible d’envisager les pires scénarios possibles. La faute au business model, assez peu adapté à des annulations d’événements en masse… 

En novembre dernier, quand viagogo annonçait en grande pompe le rachat de StubHub, cela paraissait un rapprochement très lucratif et très ingénieux pour la plateforme de billetterie secondaire. Avec la pandémie du COVID-19 et les mesures de confinement prises un peu partout dans le monde, viagogo pourrait bien avoir fait la pire affaire de son histoire, et avoir perdu 4 milliards de dollars. 

Dans un post medium publié le 01 avril, Eric Fuller, consultant pour l’industrie du divertissement a écrit : “Je pense que StubHub, la société acquise par viagogo pour 4 milliards de dollars, est sur le point de s’effondrer. Ce que j’entends suggère qu’ils vont déposer le bilan le 15 avril prochain.” Le DAIMANI Journal a interrogé Eric Fuller sur son analyse : “Je ne vois pas comment une société peut continuer en devant rembourser des centaines de millions de dollars, voire des milliards, sans avoir des revenus.” 

StubHub est d’ailleurs attaqué pour ses conditions de remboursement. Aux Etats-Unis, la plateforme propose désormais à tous ses clients des avoirs d’une valeur de 120% du billet original, mais plus aucun remboursement. Un choix qui ne passe pas pour les clients finaux, qui ont déboursé parfois beaucoup d’argent pour des billets d’événements annulés. 

Suite à cette décision, une action collective a été lancée contre StubHub dans l’Etat du Wisconsin : en proposant uniquement des avoirs, la plateforme ne respecterait pas ses propres conditions d’utilisation. Le plaignant principal, Matthew McMillan, explique que StubHub a causé sa propre perte : “Au lieu de mettre en places des transactions financières responsables, les accusés [StubHub] ont pris l’habitude de payer les revendeurs avant même que l’événement mis en vente ait eu lieu, s’exposant ainsi à la possibilité d’être à sec (ou à ignorer leur propre garantie envers leur client) si un événement était annulé et qu’ils n’avaient pas possibilité de récupérer rapidement les fonds auprès des revendeurs.” 

StubHub a répondu et indiqué qu’il allait fournir un remboursement aux personnes qui vivent dans des juridictions où le remboursement est requis, et si elles réclament ce remboursement. 

Au vu des dernières actualités, l’acquisition de StubHub par viagogo pour 4 millions de dollars (!) n’était peut-être pas un aussi bon deal… Deal qui a d’ailleurs été stoppé en janvier dernier par l’Autorité des Marchés et de la Concurrence britannique : à ce jour, viagogo et StubHub restent deux sociétés différentes, comme précisé par un porte-parole à Billboard, ce qui n’arrange pas les affaires de la plateforme. 

Selon Eric Fuller, StubHub, complètement à court de trésorerie, pourrait invoquer la faillite, ce qui permettrait à la société de réorganiser ses dettes, sans aucune obligation de rembourser ses créanciers, sur une période de 3 à 18 mois. 

Finalement, cette pandémie mondiale montre la fragilité des énormes entreprises de billetterie qu’on pensait inattaquable et notamment des failles dans l’écosystème global : faut-il avoir un monopole sur toute une chaîne de valeur pour être sauvé ? Face à l’incertitude sur l’évolution de la pandémie, il est encore difficile de prédire qui sortira gagnant, ou du moins, amoché que les autres de cette crise, ni quelles seront les solutions adoptées pour réduire la casse. Fusion de solutions de billetterie, rachat entre acteurs du live, émergence d’un nouveau monopole… Votre avis ? 

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