Alors que tous les événements en publics sont interdits jusqu’à nouvel ordre, les artistes, institutions culturelles, et même fédérations sportives innovent pour proposer du contenu aux spectateurs et maintenir le lien avec les fans, pendant la période de confinement. Le Ministère de la Culture a d’ailleurs lancé la plateforme #CultureChezNous qui répertorie toutes les initiatives culturelles à consommer depuis chez soi.
La part belle est au livestream et diffusion de spectacles. Que ce soit l’Opéra de Paris, la Philharmonie de Paris ou le Berliner Philharmoniker, les salles de musique classique ont mis en ligne des captations de concerts, d’opéras ou de ballet gratuitement en ligne.
Côté artistes, on a vu apparaître depuis le début du confinement l’explosion des concerts en livestream, sur Instagram comme Christine & The Queens, ou sur Facebook comme Bob Sinclar. Les artistes de musique classique ne sont pas en reste, avec des lives quotidien de Renaud Capuçon et de David Kadouch. La page Facebook Confinement Musical propose d’ailleurs un véritable festival avec des livestreams d’artistes toute la journée et toutes les semaines. Les médias s’y mettent aussi, avec des lives et inédit à suivre chez Rolling Stone ou L’Obs.
Côté musique, les plateformes s’y mettent aussi. Songkick répertorie tous les livestreams des artistes, Bandsintown a lancé WATCH Live pour avertir les fans des concerts livestreams sur les réseaux sociaux, Facebook a lancé #EnsembleALaMaison pour soutenir les directs des artistes… SoundCloud a noué un partenariat avec Twitch pour aider les créateurs à se lancer en live, et à mettre en place un système de dons sur cette plateforme.
Les théâtres proposent également du contenu en ligne : Le Funambule Théâtre propose chaque jour une nouvelle pièce à visionner sur YouTube Le théâtre de la Colline propose de s’entendre lire un texte par des acteurs au téléphone. L’Apollo Théâtre est le seul (?) a proposer différents spectacles en vidéo, moyennant rémunération (7 euros par représentation ou chapeau).
Même le sport se met au digital : la Fédération Française de Golf a lancé #GolfezChezVous, la Fédération de Cyclisme a lancé #RoulezChezVous, le Top 14 a lancé une émission Avant-Match mais depuis chez soi, et FranceRugby s’adapte avec des contenus pour les enfants (et les grands).
Enfin, les musées se visitent désormais en ligne, soit via Google Museum, soit via des plateformes dédiées. Les musées et lieux de galeries, qui ont diversifié leur prise de parole, re-mettent également en avant leur podcast comme le Centre Pompidou ou le Musée d’Orsay.
Maintenant que vous avez des recommandations pour passer le weekend, il convient tout de même de s’interroger sur la suite…
Depuis le début du confinement, l’offre de contenus en ligne, en direct ou non, majoritairement gratuits, a explosé. Entre des cours de yoga, exercices de respiration, des concerts livestreamés, des nouvelles vidéos sur YouTube, Netflix (!), des opéras de 3h, des grilles TV adaptés, des livres proposés gratuitement en ligne… a-t-on réellement le temps de tout consommer ? Et d’ailleurs, les personnes qui vont consommer ce type de contenus ne sont-elles pas celles qui consomment de la culture de manière régulière, dans des lieux physiques ? Peut-on parler d’une démocratisation de la culture ? Et quid des personnes n’ayant pas accès Internet ?
Pendant ce confinement, de nombreux artistes se retrouvent dans un temps de création “forcé” et proposent de nouveaux contenus, inédits sur la forme et le fond, pour leur public. Mais quid de la rémunération ? Si en termes de stratégie de communication, ces propositions artistiques permettent de créer un lien direct entre l’artiste et ses fans (“tout le monde est sur le même bateau”), ces artistes, institutions, salles, etc. ne voient aucune rentrée d’argent pour leur production. A quand des concerts en livestream, voire en réalité virtuelle, payants, avec achat de billets au préalable ? Le confinement de la population et de la culture pourrait être un moment pour mettre en place des solutions alternatives basées sur le numérique, vertueuses pour toute (ou partie) l’économie du spectacle vivant et pouvoir aider le secteur entier à se remettre doucement sur les rails avant un retour à la normale.