Pour la saison 2012/2013 (les chiffres pour la saison 2013/2014 ne sont pas encore connus), la fréquentation des stades de football français y compris les plus prestigieux (OM, ASM) est en chute libre. En effet, on est passé de 73.8% de remplissage en 2011/2012 à 70,6% en 2012/2013, soit une chute de plus de 3%.
Et ce n’est pas nouveau, l’affluence des spectateurs dans les stades français pour les matchs de Ligue 1 et du Championnat de France sont sur une pente descendante depuis plusieurs années. En 2012/2013, l’affluence par journée de championnat de L1 a représenté 19.262 spectateurs contre 21804 pour la saison 2007/2008.
Quelles sont les raisons de cette désaffection, alors que selon Michel Desbordes, professeur de marketing sportif : « Il n’y a pas de désintérêt pour le foot français. » ?
On peut citer comme raison la vétusté des stades français par rapport à leurs homologues européens. La Fédération française de football a certes lancé un vaste programme de modernisation des stades en vue de l’Euro 2016 qui aura lieu en France mais le résultat n’est pas encore assez probant pour motiver les supporters à sortir le porte-monnaie pour acheter des billets. L’Allemagne avait lancé le même programme de rénovation des stades en vue de la Coupe du Monde de football 2006 et le résultat a été très positif en terme de billetterie : le taux de remplissage a été de 97 % en 2011/2012 avec une affluence moyenne dépassant les 47.000 spectateurs par journée de Bundesliga (le championnat allemand).
L’autre raison de cette désaffection est la faiblesse de l’aspect digital dont on peut dire qu’il est le parent pauvre des stades français. Même au mythique Stade de France, il est très compliqué de trouver de la Wifi (ou même de la 3G) pour se connecter aux réseaux sociaux. Un gros point faible selon les spectateurs qui aiment se connecter sur Facebook ou Twitter pendant ce genre d’évènements pour partager leurs émotions et commenter les matchs. Les stades français sont très en retard sur ce point par rapport aux stades anglais par exemple analyse Michel Desbordes. Le mythique stade Wembley de Londres ou l’Allianz Arena de Munich ont mis en place de vraies stratégies digitales : billets dématérialisées pour diminuer l’attente à l’entrée du stade, applications proposant aux spectateurs de commander un repas sans bouger de leurs sièges ou d’obtenir en amont le meilleur itinéraire pour venir au stade.
Plus que jamais, les stades français doivent se moderniser s’ils veulent rattraper le retard pris ces dernières années. La mise en place d’une stratégie marketing pour la billetterie est indispensable. Avec des ventes en chute libre, les responsables des stades innovent. En effet, ils n’hésitent plus à mettre en place des opérations marketings ciblées par exemple en offrant l’entrée à la femme dans les couples, font appel à des sociétés négociant les prix pour les étudiants, créent des promotions flashs ou des ventes groupées.
Parler de yield management (adaptation du tarif d’un bien ou service en fonction de la cible et du moment) est toutefois encore tabou dans le football français et certains dénoncent son caractère discriminant peu comptable avec l’état d’esprit du football, sport populaire par excellence, en particulier dans les petites villes de province.
Il faudra bien toutefois trouver des solutions adaptées et raisonnées pour remplir les stades car mieux vaut des places vendues au rabais qu’un stade vide. Tel est devenu le credo des clubs professionnels de football.
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