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[Juridique] La double billetterie des musées de Marseille, 30 mois avec sursis requis

C’est la loi des séries… : Une nouvelle fraude à la billetterie a été découverte à Marseille, dans plusieurs musées municipaux.

Il s’agirait ici d’une affaire plus complexe que celle de la caissière du Philharmonique de Monaco qui ponctionnait la caisse. En effet, nous avons à faire cette fois à une organisation de plusieurs personnes qui ont mis en place un système de double-billetterie en 2008 et 2009 dans plusieurs musées municipaux.

Les personnes concernées sont six caissières, un caissier et un chef du personnel des musées de Marseille. Ils détournaient en collaboration une partie de la recette des expositions temporaires, en vendant au plein tarif des billets édités comme gratuits ou en revendant des tickets pour la location d’audio-guides déjà utilisés.

C’est le trésorier-payeur général des Alpes-Maritimes, en visite à l’exposition à titre privé, qui s’était vu remettre à l’entrée des billets estampillés « gratuits » et avait alerté son homologue des Bouches-du-Rhône, déclenchant une enquête après une plainte de la mairie, la partie civile.

Cette enquête a révélé des charges suffisantes pour une autre exposition, celle consacrée à Van Gogh au musée de la Vieille Charité.

Le principal mis en cause est le chef du personnel. Il est l’organisateur du réseau de détournement de billets gratuits, et conservait son statut de dominant en achetant le silence de ses subordonnés, par des congés, des congés maladies et des heures supplémentaires…
Le préjudice subit s’élève à 35.000 euros. Cependant, le chef du personnel a nié être l’organisateur du trafic.
Il était assisté dans ce détournement par une caissière promue référente par lui-même et perçu comme le relais hiérarchique du chef de personnel sur le terrain. Cette caissière récupérait les billets
auto-guide déjà utilisés pour les remettre en circulation.

Ce système a pu être mis en place et prospérer, considèrent les investigateurs, grâce à la négligence de la hiérarchie.

Les prévenus, poursuivis pour détournement de fonds par des personnes dépositaires de l’autorité publique, recel et pour certains extorsion, encourent jusqu’à 10 ans de prison et 1 million d’euros d’amende.

Selon l’AFP, « après une première estimation très basse, la mairie a finalement évalué le montant du préjudice financier à plus de 342.000 euros, réclamant également 100.000 euros au titre du « préjudice d’image. »

Le Tribunal Correctionnel de Marseille a rendu son jugement : Les peines requises vont de quatre mois à trente mois de prison avec sursis pour les huit fonctionnaires des musées de Marseille.
Le représentant du parquet a déclaré : « ce dossier va se clôturer avec sa part d’ombre. Certains n’ont pas parlé pour protéger d’autres intérêts. Il y a eu un climat d’impunité totale. »

Le magistrat a réclamé 30 mois de prison, dont 24 avec sursis, contre le chef du personnel considéré comme la tête pensant de l’organisation. A l’audience, ce-dernier explique qu’il a cédé à la tentation pour se payer un voyage.
A l’encontre de la caissière en chef, 24 mois, dont 20 avec sursis, et quatre ans d’interdiction de la fonction publique, ont été requis. Le jugement a été mis en délibéré au 12 mai.

Cette affaire souligne encore une fois l’importance capitale d’être vigilant sur la gestion de ses caisses, et sur le contrôle hiérarchique des opérations financières de réservation ou d’achat de billet. Les acteurs des nouvelles billetteries spectacles sont là pour prospecter, enquêter et proposer de nouvelles alternatives aux fraudes de ce type. Il est primordial pour un organisateur de spectacle ou accueillant d’avoir le contrôle total de la gestion de ses caisses, avec une vision claire et transparente des réseaux internes, de la réservation du billet à la mise en vente.

Crédit : Image France 3

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