En quelques années, Plemi a créé un modèle de montage de concert unique tout en développant un système de billetterie simple mais ingénieux ! Eureka !
Du participatif à la pré-vente automatisée !
Plemi est né en 2009 dans l’esprit de passionnés, et notamment Romain Guillot, qui souhaitaient créer un nouveau réseau social dédié au monde du live. Agenda concerts, base de connaissance partagée, zone d’échanges entre public, artistes et professionnels… L’idée connait un succès modéré mais sur ce socle, a germé une idée plus innovante : mettre en place une plateforme de demande de concerts grâce à laquelle les spectateurs pourraient inciter leurs artistes préférés à se produire dans leur ville. Technologiquement, et auprès du public, l’outil fonctionne bien, cependant, la réalité du terrain freine les ambitions du projet. Les programmateurs ne sont pas encore prêts pour la démocratie participative en matière de live !
Sans renoncer à cet outil, l’équipe imagine alors un autre moyen de réaliser des dates avec l’appui du public tout en rassurant les professionnels. Un système de pré-réservation ingénieux apparaît fin 2011.
Et, en 2012, pour clarifier ces différentes zones d’activités tout en gardant son âme initiale, Plemi reconfigure son offre sous 3 entités distinctes : Beelivers, reste l’outil de plébiscite d’artistes dans sa ville, Koalitick devient la plateforme de pré-réservation et Plemi live Agency propose un ensemble de services complémentaires (prestations de communication, éditoriales …) pour les professionnels.
Le participatif au service de la prod de spectacle
Koalitick est donc une solution simple au carrefour de la billetterie et du financement participatif. Comme l’explique Romain Guillot, CEO de Plemi, « nous avions envie d’adapter le modèle participatif au domaine du spectacle vivant, et nous savions que les sites généralistes de crowdfunding comme Kiss Kiss Bank Bank ou Ulule n’étaient pas adaptés aux exigences de la production de spectacle ». En effet, le processus d’engagement est plus complexe et pour être vraiment mobilisé, le public a besoin de savoir quand, comment et où va se passer le concert.
L’idée est limpide : monter un projet de concert et le rendre possible à partir du moment où suffisamment de pré-réservations sont enregistrées ! Tout bon producteur de spectacle s’appuie sur ce théorème pour viabiliser ses dates. L’intérêt avec Koalitick est de pouvoir sécuriser l’événement avant de lancer complètement la machine. L’organisateur peut ainsi s’assurer de sa faisabilité sans risquer de perdre de l’argent. La contre-partie du système : le risque de ne pas faire une date annoncée par ailleurs. Le pari est quand même très tentant ! Si la date est concrétisée, adieu la peur du taux de remplissage hasardeux, adieu l’angoisse du calcul aléatoire des entrées à prévoir le soir même !
Simple comme pré-réservation
Donc, techniquement, le système est volontairement simple, le but étant surtout de rendre l’événement viable. Le spectateur se voit proposer un concert d’un artiste (connu ou non) et le nombre d’acheteurs rend la date possible ou non ! Evident ! Ce système qui intègre sa propre billetterie est basé uniquement sur la concrétisation du possible événement sans capitalisation sur l’argent qui dormirait en attendant l’éventualité d’une annulation ! Le spectateur n’est débité que si l’évènement est effectivement mis en place comme dans le Crowdfunding. Le plus compliqué réside dans la gestion du financement d’un événement qui peut ne pas avoir lieu sans contraindre le paiement anticipé. Pour autant, une fois la date « assurée » par les pré-réservations, une billetterie classique dématérialisée est ouverte sur la plateforme avec un modèle de e-billet reçu par e-mail.
Montage à l’envers, envers du montage
Pour monter une date avec le système Koalitick, tout part des artistes et des organisateurs. C’est finalement à eux de sécuriser l’événement. Attention, pour bien réussir une opération, l’équipe de Plemi doit tout anticiper : accord préalable du lieu, salle bloquée à la date précise mise en option etc. Comme le précise Romain, « nous étudions attentivement les propositions afin d’évaluer au mieux les projets, la pertinence de l’événement, la force du réseau à mobiliser… ». Etude des coûts, du budget de production global, ratio avec le prix des places … Ensuite, l’équipe de Koalitick accompagne le porteur de projet dans son approche de la salle, du lieu de diffusion pour expliquer la démarche un peu surprenante, certes, mais vraiment innovante !
Aujourd’hui, Plemi peut aussi compter sur des salles partenaires. Avec environ 80 évènements montés sur ce modèle, l’expérience devient significative. D’autant, que de petits projets, sur de petites salles, la team a commencé à développer des co-plateaux avec des artistes plus importants sur des salles plus grandes (Divan du Monde, Cabaret Sauvage…).
« On a mis un pied dans la production de fait en co-réalisant des évènements (nous avons nos licences d’entrepreneur de spectacle) ; cette démarche engagée a été un vecteur de communication important et nous a permis d’acquérir l’expérience de terrain que nous n’avions pas et de gagner en légitimité », rappelle Romain.
Produire intelligemment des petits et grands artistes
Aujourd’hui, le système est unique dans le paysage de l’entreprenariat du spectacle. Pour les artistes en développement et petits organisateurs, Koalitick permet de sécuriser financièrement la date. Pour les plus gros, c’est un outil marketing de travail sur une communauté.
D’ailleurs, le modèle commence à faire parler de lui puisque des grosses structures de productions Outre-Atlantique sont intéressées pour utiliser la technologie avec, semble-t-il, moins de frilosité que nos producteurs hexagonaux !
Cette nouvelle manière d’aborder l’organisation de concert est vraiment passionnante, d’autant qu’elle apporte un peu de transparence dans un écosystème vieillissant… Plemi pourrait évoluer facilement vers une exploitation plus engagée de sa plateforme Koalitick. Avec le financement participatif, l’implication des communautés facilite la mise en place d’événements porteurs de sens via des montages financiers clairement définis et encadrés. Aider une cause, soutenir une association humanitaire tout en montant des évènements sur la base de productions économiquement viables (emploi des artistes, paiement « normal » des prestataires). L’écosystème du spectacle parfait ! La révolution est en marche…
Crédits : Koalitick/Plemi, photo : ©hanaofangel