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Double billetterie à la Fédération Française de Rubgy

Le 18 novembre dernier, Mediapart a publié un reportage sur la Fédération Française de Rugby (FFR) « La double billetterie, machine à cash de la fédération de rubgy » et montre comment des milliers de billets de match, issus de la billetterie officielle, alimente les circuits de revente frauduleux.  

Selon le reportage, Gérald Martinez, membre du comité directeur de la FFR dans les années 90, et président de l’Amicale des anciens internationaux depuis 2000 et Bernard Godet, vice-président de la FFR, aurait profité de la billetterie de la fédération.

En 2001, Gérald Martinez a signé un contrat avec la société Impact Sport, spécialisée dans la revente de billets, et se serait engagé, au nom de l’Amicale, de fournir à la société 200 billets par match contre 7% du produit des ventes, soit environ 15 000 euros par rencontre. Impact Sport aurait utilisé ces places pour proposer des hospitalités.

Hors, seules trois agences de billetterie sont autorisées par la FFR à vendre des hospitalités, et Impact Sport n’en fait partie.

Par ailleurs, une partie des bénéfices reversée par Impact Sport à l’Amicale aurait été détournée vers une société, Impact Club, qui aurait appartenu à Gérald Martinez et Stéphane Jourdan, directeur d’Impact Sport. Bernard Godet était l’expert comptable d’Impact Club, et aurait même racheté en 2008 les parts de Stéphane Jourdan.

De l’autre côté, la FFR a mis en demeure la société Impact Sport quatre fois d’affilée, avant de l’assigner en justice en 2008 et en 2014, pour revente de billets non autorisée. La société a été condamnée a payer 45 000 euros de dommages et intérêts à la FFR en 2016. Cependant, Bernard Godet et Gérald Martinez ne sont pas inquiétés à ce moment-là, Bernard Godet accédant même au poste de vice-président de la FFR, chargé du contrôle des agences agrées.

Cette affaire montre d’abord la fragilité du système de billetterie, internalisée en 2013, et par ailleurs dénoncé par la Cour des Comptes en avril dernier, qui parlait de dispositif « peu maîtrisé et faiblement traçable ». Elle montre aussi la largesse de la FFR concernant les billets : au comité directeur, chaque membre dispose d’entre 25 et 50 billets par match et les 35 comités territoriaux bénéficient également de milliers de places par match.

Ce samedi, suite aux accusations de l’enquête de Médiapart, Bernard Godet, actuel vice-président en charge du marketing et du commercial, a démenti. Il nie avoir été dirigeant d’une des deux sociétés citées, et explique n’avoir détenu que deux parts sociales dans la société de Gérald Martinez, Impact Club. « Depuis que je suis arrivé en 2008, je n’ai cessé d’accentuer la lutte contre les activités frauduleuses. Il y a un paquet d’agences qui m’en veulent énormément parce que je les ai écartées de l’agrément à la fédération. Attaquer et faire condamner Impact Club alors que j’aurais été directement ou indirectement intéressé à ses bénéfices, c’est complètement stupide et contradictoire. »

Pierre Camou, président de la FFR depuis 2008, qui cherche à se faire réélire à l’élection du 3 décembre prochain a déclaré lors d’un point presse ce samedi qu’il n’y avait pas de double billetterie à la Fédération. Il reconnaît l’existence d’un marché noir, « propre aux grands événements ». Concernant la culpabilité de certains membres de la Fédération, il a déclaré : « Je n’en sais rien. Je ne suis pas derrière tout le monde à la Fédération, je n’ai pas un service de police. » Le président est soupçonné d’avoir, a minima, laissé l’affaire se faire.

Dimanche, Mediapart a publié de nouveaux documents comptables et administratifs, accablants pour les acteurs dirigeants, qui montrent que Bernard Godet aurait bien touché de l’argent suite aux ventes de billets via Impact Sport. Bernard Godet a par ailleurs présenté sa démission ce dimanche pour « pouvoir être libre de se défendre. » Il décidera dans la semaine de porter plainte pour diffamation.

Crédit : FFR

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